Vik est un survivaliste francophone. Depuis 2016, il partage sa vision du survivalisme, de la “survie”, du bushcraft, de l’outdoor, de l’autonomie, de la résilience et bien d’autres thématiques. Vik démontre parfaitement que le survivalisme est avant tout une question d'état d'esprit et de débrouillardise plutôt qu'un gros compte en banque.
Vik est autonome en eau. Il nous dévoile ici les détails de son installation économique ainsi que son retour d'expérience.
Courrier de Vik: Retex (retour d'experience) sur l'eau
« L’eau, pourtant vitale dans toutes démarches d’autonomie ou de résilience, reste parfois hélas une thématique insuffisamment explorée chez beaucoup. Par manque de moyen, de capacité ou pire par manque d’intérêt, la question de l’accès à l’eau devrait pourtant être l’une de nos priorités.
C’est pourquoi je remercie beaucoup l’équipe de Mouton Résilient de m’avoir proposé cette petite participation à hauteur de mon humble retour d’expérience sur la question hydrique. Je vais vous présenter, à travers notre situation et nos stratégies, quelques pistes de réflexion et vous démontrer que même sans grand budget ni grandes connaissances, il est possible de sécuriser son accès à l’eau, voire de tendre à l’autonomie.
Ainsi, madame et moi-même, avons fait le choix l’année dernière de nous installer en logement alternatif, dans une démarche à la fois survivaliste, autonomiste et décroissante. Vous avez peut-être déjà pu entrevoir sur ma chaine YouTube un aperçu de notre nouveau mode de vie. Sans que je rentre dans les détails pour rester concentré sur l’eau, nous vivons dans un chalet de 40m², autoconstruit et autonome en électricité, chauffage et eau.
À la source du projet (ah ah), le choix du terrain n’a pas été laissé au hasard. Au-delà de critères secondaires (localisation, prix, surface, sol, réglementations, possibilités à long terme…), le critère du point d’eau faisait partie des prioritaires, si ce n’était pas le principal : car sans eau point de potager ni d’animaux.
Que ce soit une source, un puits, un forage, un ruisseau… Les possibilités sont multiples, à condition que votre source d’eau vous fournisse toute l’année. Nous concernant, nous avons tout le long du terrain une rivière, qui même si son débit peut réduire un peu en été, coule toute l’année. Sa source, un bel étang alimenté lui-même par sources et ruisseaux, est à quelques kilomètres seulement. Cette eau de rivière, sans être potable pour autant, est un moyen gratuit et presque sans limites pour l’arrosage du potager et divers travaux de nettoyage en extérieur.
En période estivale de sécheresse, des restrictions sur le puisage peuvent s’appliquer, mais nous anticipons ces périodes de manque le reste de l’année avec notre seconde stratégie hydrique : les cuves de récupérations.
Disséminées un peu partout sur le terrain et dans la serre, nous avons plusieurs cuves de 500L à couvercle, alimenté par l’eau de pluie, mais également par notre rivière. Leur rôle est de faire tampons entre la rivière et le potager, afin d’avoir un point d’eau à disposition pratique et rapide, pour l’arrosage du jardin, en plus d’avoir de l’eau en stock vivant.
Le système un peu bâtard que nous utilisons pour l’instant est une pompe électrique type « vide-cave », pouvant remonter 8m3/H en théorie (en réalité bien moins). Nous avons préféré l’usage d’une pompe électrique plutôt qu’une thermique, car nous sommes déjà équipés d’un groupe électrogène pour d’autres fonctions en cas de besoins, ce qui réduit les investissements en n’ayant qu’une machine polyvalente, plutôt que plusieurs moteurs thermiques spécialisés. Il serait possible à l’avenir de construire/installer une pompe mécanique pour puiser l’eau (bélier, moulin, escargot…), mais ces systèmes resteraient installés à demeure sur une rivière qui ne nous appartient pas, ce qui pourrait attirer l’attention et des remarques. Par contre, nous pourrions faire tourner une pompe électrique avec du solaire et un tuyau discret.
Avec pompe et tuyau d’arrosage donc, nous alimentons nos cuves ou arrosons directement ce qui doit l’être.
Cette année, nous avons en plus posé une piscine gonflable sur le terrain, remplie d’eau de la rivière. Une fois que la saison des baignades sera passée, nous aurons sous le coude quelques milliers de litres en bonus.
Concernant la maison ensuite, plusieurs stratégies sont en place.
Tout d’abord, nous avons considéré que la meilleure eau sera celle que nous ne consommerons pas, ce qui réduit nos besoins et donc notre dépendance à l’eau. Toilettes sèches et robinets/douche économes avec « embouts mousseurs » sont ainsi en place.
Nos eaux grises de la douche et de l’évier restent sur place, car en plus d’être non polluées par des produits chimiques (nous n’utilisons que des savons naturels et autres produits alimentaires), après un premier regard de décantation elles se déversent dans un futur bassin de récupération, que nous sommes en train d’installer. Sans parler de véritable phytoépuration, nous le décorerons de plantes ornementales et/ou comestibles.
D’où vient cette eau domestique donc ? De la rivière, ou d’un forage ? Ni l’un ni l’autre : l’installation et le budget ne permettraient pas une captation et une filtration exceptionnelle.
Nous utilisons l’eau de pluie, tout simplement. Source d’eau propre, gratuite et plus ou moins pure, nous la captons directement depuis la toiture du chalet. Point important, cette dernière n’est pas faite de gomme ou autre revêtement synthétique pétrolier, mais d’ardoises naturelles. Des tuiles de terre cuite auraient aussi pu faire l’affaire pour être en contact avec l’eau, mais leur poids excessif pour la construction nous a contraints de les exclure du projet.
Cette eau de pluie captée part ensuite dans des gouttières pour se retrouver sans pertes dans des cuves cubiques de 1000L, que vous connaissez bien.
Pour l’instant, nous en avons deux, une par pan de toit, ce qui a l’air de fonctionner pour nous : nous ne sommes que deux à la maison, et profitons d’une région avec une bonne pluviométrie.
Selon vos besoins et votre région, il faudra certainement adapter, mais une tonne par personne me semble un bon départ.
Bien que je vous écrive en juillet, nos deux tonnes sont pleines compte tenu de la météo récente. Toutefois, j’envisage de faire évoluer ce système prochainement, pour passer à 3 cuves au cas où, avec un trop-plein vers d’autres petites cuves.
Nous avons connu un léger stress hydrique en début de printemps, lors de l’installation des cuves qui étaient alors évidemment vides. Le temps que la météo comble nos besoins en eau, nous avions un peu manqué et vivions à ce moment-là en mode camping. Depuis nous avons un surplus même en été, donc j’ose espérer que nous ne manquerons pas d’eau cet hiver.
De ces cuves partent enfin des tuyaux en PER, contact alimentaire comme ceux d’une « vraie maison », pour alimenter le chalet via une pompe automatique en 12V. Comme présenté au début, cette pompe est alimentée par notre installation solaire qui rend le chalet autonome.
L’installation ressemble un peu à celle d’un camping-car : en ouvrant un robinet, la pression des conduites fait couler l’eau jusqu’au déclenchement automatique de la pompe, qui comblera le manque. Notre système alimente aussi un chauffe-eau instantané au gaz, qui fait très Vanlife lui aussi.
Point non autonome de l’installation malheureusement, nous considérons que l’usage de bouteilles de butane permet malgré tout une petite résilience, car hors réseau, et de plus son usage se cantonne au confort qu’est l’eau chaude au robinet, ce qui est presque du luxe.
Pour l’eau de boisson, je vais être honnête avec vous : il s’agit là du point faible de notre installation, parce que le moins indépendant pour l’instant. Je m’explique, nous avons deux solutions actuellement : le stockage et la rotation d’eau minérale, et l’utilisation de notre filtre a gravité Doulton avec notre eau de pluie.
Dans les deux cas, ces solutions ne me satisfont pas entièrement : bien que résilientes, nous sommes dépendants d’un approvisionnement extérieur en bouteilles (que nous réutilisons par la suite, recyclons ou détournons) ou en filtres de rechanges. Dans les deux cas, la production est coûteuse pour le consommateur et pour l’environnement.
Régulièrement, nous utilisons sans regret notre eau de pluie telle quelle, sans traitement, pour certaines cuissons à l’eau bouillante : le traitement thermique infligé élimine tout risque de contamination biologique.
Cette problématique d’eau de boisson reste secondaire sur le volume, étant donné que c’est en litres le poste de consommation le plus restreint, par rapport aux douches par exemple.
Et l’eau de la ville alors ? Vous vous posez sûrement la question : ils sont autonomes sur certains points, OK, mais ils ne sont pas reliés à l’eau ? Eh bien non.
Le terrain, bien placé et peu coûteux, avait toutefois le défaut de ne jamais avoir été relié à l’eau et à l’électricité. Petit défaut à nos yeux compte tenu de notre projet d’autonomie, mais il est vrai que, bien que dépendante du bon fonctionnement d’un réseau complexe, l’eau publique pourrait être une source d’eau potable non négligeable.
Avantage cependant à contrebalancer par le coût de cette source : un devis à plusieurs milliers d’euros pour le raccordement au réseau public, ainsi que la somme à devoir s’acquitter mensuellement en abonnement et charges en plus de l’eau réellement consommée, a fini par nous faire préférer conserver ce budget pour notre installation autonome en eau.
Si besoin et surtout en cas d’urgence, nous disposons au pire d’un point d’eau gratuit dans le village pour remplir des jerricans.
Voilà où en est notre installation actuellement. Résiliente, mais imparfaite, presque autonome sans l’être totalement, pleines de contraintes et de limites, mais en bonne voie. Je tiens à préciser que cette vie alternative ne pourrait convenir à tout le monde : selon le nombre de personnes dans le foyer, le lieu de vie ou le besoin de confort, un système alternatif dans le genre ne sera pas forcément l’idéal pour vous. Enfin, j’espère qu’il peut vous apporter tout de même quelques idées !
Le point fort de notre exemple est, selon moi, le caractère petit budget de l’ensemble par rapport à la finalité, avec une autonomie relative que j’estime à 80 %. Pareto nous observe !
Bref, de votre côté, réfléchissez bien à vos besoins et à votre dépendance en eau et construisez au plus vite une stratégie personnelle ou familiale sensée et résiliente, qui saura vous mettre à l’abri d’un terrible manque en eau !
Bon courage ! »
Vik
Le site internet de Vik : survik.fr
Cette interview est la version complète du passage cité dans mon livre
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Le guide super utile pour partir sur de bonnes bases et vous donner des idées..