Voici alors la suite de la série de trois articles ciblés sur le secourisme tactique susceptible de concerner n'importe quel citoyen.
C'est un sujet pas vraiment sexy, qui fait peur (personne n'aime ne serait-ce que penser à des blessures moches), mais pourtant un minimum de préparation mentale, de technique et un peu de matériel peut littéralement changer la donne.
Voyons donc le matériel de secourisme pertinent pour un survivaliste.

Article invité de J Baroude.
Cet article fait partie d'un ensemble de trois petites formations de secourisme tactique modulaires et complémentaires :
Secourisme Tactique : matériel de secours du survivaliste (ici présent)
Secourisme Tactique : Soins Prolongés sur le Terrain (SPT)
Je vais venir vous décrire le contenu du module médical de mon BOB (Bug Out Bag / sac d'évacuation).
Celui-ci va venir se diviser en 2 modules distincts :
- Module bobologie ;
- Module Trauma kit / IFAK (traitement des hémorragies) ;
Rentrons un peu plus dans les détails points par points.
Module bobologie
Pour tout ce qui va être petites blessures, coupures, etc. visant notamment à éviter une infection.
Kit bobologie (trousse de secours) complet
Le minimum à avoir chez soi pour soigner les petits bobos (d'où le nom "bobologie").

Un exemple de kit bobologie dispo sur Amazon. Ce type de kit n'a pas vraiment besoin d'être au top et très personalisé. Par définition, ça concerne les bobos communs à tout le monde.
Ci-dessous, un kit tout fait disponible régulièrement chez Lidl. Pas cher, plutôt complet et très bien pensé. Un volet plastique se déploie et tout est marqué dessus. C'est le kit idéal à mettre dans la voiture. Ce kit est régulièrement remis en rayon chez Lidl.



Composition du kit bobologie individuel
Cette partie bobologie va venir s’articuler autour d’un petit kit compact (Kit dans un sachet étanche et assez complet pour un encombrement minimal) dont tous les membres du groupe disposent dans leur sac d'évacuation.

Un exemple ci-dessous, mais le kit de bobologie peut être adapté à votre cas.
- Sachet de CICATRYL (désinfectant cicatrisant).
- Sachet d'ARNICA (contre les coups ou piqures).
- Sachet de compresses d’alcool (désinfection, nettoyage surface).
- Sachet de compresses d’ÉOSINE (désinfection, séchage de plaie).
- Sachet de compresse de bactéricide (désinfection prolongée).
- Sachet de compresses stériles 7.5 x 7.5 cm.
- Bande nylon 5 cm x 3 m.
- Une dose de sérum physiologique (rinçage).
- Une dose de collyre ophtalmique (rinçage souillure de l’œil).
- Jeu de compresses non stériles.
- Lot de 6 pansements multi-extensibles URGO.
Composition du kit collectif
- 5 compresses 10X10.
- 5 pansements adhésifs grande taille.
- 8 pansements.
- 1 bande de sparadrap de 112cm.
- 2 paires de gants chirurgicaux.
- 4 pansements de tulle gras.
- 2 bouteilles de sérum physiologique.
- 2 bouteilles de désinfectant.
Module Trauma Kit - Ifak
Certaines blessures nécessitent plus qu'un simple pansement.
Certaines blessures sont graves et la mort peut arriver en quelques minutes si rien n'est fait.
Qu'est-ce qu'un IFAK ?
Présentation de mon IFAK (de l'anglais : Individual First Aid Kit), aussi appelé trauma kit en français. Les deux noms sont aussi employés l'un que l'autre.
Le trauma kit à pour but pour gérer des problèmes très sérieux quand le pronostic vital est engagé. En gros, si rien n'est fait, c'est la mort en quelques minutes.
À noter que ce modèle est celui que je porte lors de travaux en foret, longues randonnées... ce n'est pas le modèle "low-profile" de la vie de tous les jours !

Composition de mon trauma kit (IFAK)
- 1 paire de gants
afin de protéger l'utilisateur (Si une personne intervient sur moi en utilisant mon kit).
- 1 feutre indélébile
pour noter l'heure de pose du garrot.
- 1 pansement compressif
type T-Ban ou pansement compressif israélien
- 1 Pansement à valve type FTS. Le pansement à valve permet d'éviter la formation d'un pneumothorax compressif lors d'une blessure pénétrante au niveau des poumons.
- 2 Gazes hémostatiques
- 1 Bâton lumineux
dans le but de se signaler ou comme éclairage de fortune pour administrer les soins.
- 1 Canule nasopharyngé.
Elle permet quant a elle de permettre à l'air de circuler dans une narine et ainsi assurer la libre respiration.
- 1 Garrot tourniquet
(Non visible ici, présent sur la pochette).
Autre exemple de trauma kit de Mouton-Résilient :



points importants
Deux points importants (et logiques) à prendre en compte :
1. Ne mettez dans vos kits que le matériel que vous maitrisez parfaitement !
N'allez pas rajouter une aiguille de décompression si vous ne savez pas vous en servir ! N'encombrez pas votre module de soin de trucs qui peuvent servir "au cas où".
Ça risque de compliquer le tout inutilement. Restez SIMPLE.
2. Si plusieurs membres de votre groupe disposent d'un IFAK/Trauma kit, alors utilisez toujours celui du blessé !
Pourquoi ? Imaginez, en situation dégradée, vous traitiez un blessé avec votre propre trauma kit, vous faites 50 m et vous vous retrouvez blessé grièvement à votre tour. Avec quoi vous traitera-t-on ?
C'est le principe de base utilisé par l'armée française (sauvetage au combat) et tiré de nombreux RETEX (RETour d'EXpérience).
Le matériel médical pour traiter les hémorragies

La compression directe avec la main et un linge (ou mieux un pansement compressif) reste simple et permet de bien limiter la casse. Ne négligez pas les principes et techniques simples.
Que l’on soit en randonnée, lors d’un accident, un attentat, ou bien dans une situation de survie, la maitrise d’une hémorragie est une connaissance fortement appréciable !
Voilà donc les 4 principales méthodes dans ce domaine :
1. La pression directe
Il suffit d’appuyer directement sur la source de l’hémorragie avec un linge propre ou des compresses.
Attention, point clé : Ne jamais enlever le tissu après avoir débuté ! Vous pourriez relancer le saignement.

Appuyez fort sur la plaie en ayant bien vérifié qu'il n'y a pas de corps étrangers. Mieux encore, utilisez un linge (par exemple : tour de cou ou paquet de Kleenex). Pas forcément besoin de bourrer dans la plaie comme ce qui est montré sur la photo (la technique reste utilisé mais demande un poil plus d'entrainement).
2. Le pansement compressif
Un pansement compressif est composé de 2 éléments. Une partie compresse que l'on place sur la plaie et d'une longue bande élastique permettant d'enrouler et de comprimer la plaie pour arrêter l’hémorragie. Il permet de protéger la plaie du milieu extérieur et d’éviter toute infection et/ou hémorragie continuelle. Il est utilisé afin de ne pas avoir à appuyer soi-même continuellement sur la plaie et ainsi permettre de réaliser d’autres gestes.

La partie en plastique sert de "renvoie" pour bien serrer le bandage et comprimer la plaie. Simple et efficace.
3. Les dispositifs hémostatiques
Ce sont généralement des bandes de gaze imprégnée d’une solution qui adhère aux tissus humides de la plaie pour coaguler le sang et qui va former un gel résistant, comme un caillot, en moins de quelques minutes.
Si les professionnels privilégient plutôt les bandes de gaze, il existe également des dispositifs sous forme de poudre.
On utilisera souvent les dispositifs hémostatiques avec des pansements compressifs en « bourrant la plaie » d’hémostatique avant d’appliquer un pansement compressif par-dessus.
Ci-dessous, un exemple de gaze hémostatique.
Le bandage Woundclot peut absorber de grandes quantités de liquide sans pour autant se disloquer.
Ce pansement hémostatique est un dispositif médical à usage unique, stérile et bio absorbable, fabriqué à partir de la structure cellulosique, qui permet le contrôle du saignement.
Lors de l'application et du contact avec le sang, la structure moléculaire du produit change pour former une membrane gélatineuse qui adhère à la blessure en créant une barrière mécanique pour réduire immédiatement le flux de sang. Ensuite, les plaquettes de la blessure s'attachent à la gaze par des forces intermoléculaires pour former une membrane stable, capable de résister à un débit sanguin artériel et veineux sévère pendant des heures.
4. Le garrot tourniquet ou TQ

Exemple de garrots tourniquet. Choisissez uniquement des valeurs sûres et évitez comme la peste les copies low-cost qui risque de foirer en situation. Crédit photo PineSurvey : https://pinesurvey.com/announcement-tourniquet-tuesday/
C’est un dispositif de contrôle des hémorragies externes interrompant totalement la circulation du sang en amont d’une plaie. Un garrot se pose uniquement sur un membre.
Attention, la pose d'un garrot n'est pas anodine. Formez-vous !
Le garrot tourniquet se pose dans le cadre de situations définies comme telles :
Maîtriser une hémorragie incontrôlable
Parfois, une hémorragie est non-contrôlable par une compression directe :
- Parce que la plaie est inaccessible,
- ou qu'il y a présence d'un corps étranger dans la plaie
- ou une fracture ouverte,
- ou la victime a plusieurs hémorragies
En cas d'inefficacité d'un premier garrot
Il peut arriver que même en appuyant correctement, pour différentes raisons, le sang ne s’arrête pas, dans ce cas un garrot verrouillera l’hémorragie de façon sécurisée.
Parfois, même avec un premier garrot (ils n’ont pas 100% de réussite) l’arrêt du saignement est inefficace, il ne faut pas hésiter à le resserrer un peu, et en cas d’inefficacité réelle, procéder à la pose d’un second garrot quelques centimètres au-dessus, nous confie Julien.
Le garrot est très utile en zone isolée !
Imaginez une situation très critique d’hémorragie dans un lieu reculé ou isolé, où le secouriste doit s’éloigner pour prévenir ou guider les secours, ou s’il est lui-même blessé et a peur de s’évanouir pendant qu’il comprime.
Un trauma kit est sérieusement a considéré si vous pratiquez des activité ou vous vous retrouvez isolé (VTT, randonnée, treck, plaisance, etc.).
L’accident à multiples victimes
Dans une situation d’hémorragie sur le lieu d’un accident avec de multiples blessés à traiter, le secouriste seul ou en sous-nombre ne peut pas rester comprimer une plaie.
Mieux vaut prévenir que guérir et efficacité optimale
Sur tout traumatisme suspecté de virer à l’hémorragie, placer un garrot sans le serrer permettra de verrouiller un éventuel saignement en quelques secondes (ex : fracture ouverte avant une mobilisation de la victime).
Équipements de secourisme tactique pour les hémorragies
Je vous liste ici uniquement des valeurs sûres et parfaitement éprouvées.
Pansement compressif israélien. Un pansement et une large bande qui sert à compresser le tout via plusieurs tours (utilisation possible sur un membre ou sur le torse).
Gauze compacte pour application directe. Ça fait le même boulot qu'un linge (compressif du pauvre), mais en BEAUCOUP plus efficace. Idéal en complètement du SWAT-T.
Garrot RMT à cliquet. Efficace, car simple et rapide à poser. Idéal pour un usage militaire/risque avérés (ou quand l'emport d'un accessoire volumineux ne pose pas de problème).
SWAT-T : compact, robuste et léger. Idéal pour un usage civil
Focus sur le pneumothorax
La réception d’une paire de Hyfin Vent Chest Seal (Pansements spécifiques à la gestion d’un pneumothorax) m’a donné envie de vous parler de la façon d’empêcher ou limiter un pneumothorax.
Tout d’abord quelques points :
Qu’est-ce qu’un pneumothorax ?
Pour citer le Larousse : « Épanchement d'air dans la plèvre (membrane enveloppant le poumon). » En sommes, vous avez une plaie pénétrante au thorax (Par balle, arme blanche…) et l’air contenu dans votre poumon va se vider dans la zone qui l’entoure, la cavité pleurale.
Pourquoi est-ce dangereux ?
Comme indiqué, l’air qui s’échappe de votre poumon et l’air qui va venir s’engouffrer par la plaie vont venir se loger dans la cavité pleurale qui va venir comprimer votre poumon ainsi que votre cœur… rendant votre respiration bien plus difficile et votre survie bien plus abstraite.
Pourquoi parler de la façon « d’empêcher ou limiter un pneumothorax » ?
Car un pneumothorax va se résoudre par la sortie de l’air contenu dans cette fameuse cavité pleurale, notamment au moyen d’une décompression à l’aiguille, geste invasif et risqué si on ne le maîtrise pas à 100 %.
N’ayant qu’une maitrise théorique et pas encore complète de cette méthode, je préfère ne pas vous le montrer. Alors, comment s’occuper d’un patient ayant une blessure pénétrante au moyen d’un pansement à valve ?
Traitement du pneumothorax
- Mettre le patient dans une position semi-assise celle généralement la plus pratique pour respirer
- Il faut tout d’abord savoir où le placer, il va venir s’appliquer basiquement au plus gros orifice en cas de blessure ayant traversé de par en part le poumon et donc à l’orifice de sortie et à l’orifice d’entré si la balle n’est pas ressortie.
- Nettoyer la zone autour de la plaie, notamment du sang, afin de maximiser l’adhérence.
- Tenir fermement le pansement et retirer la doublure transparente.
- Faire expirer la victime.
- Venir centrer le pansement sur la plaie.
- Appuyez fortement le pansement sur la peau dans le but de le sceller complètement.
- En cas de blessure ayant traversé de part en part, l’orifice d’entré devra être traité d’un pansement occlusif (Type pansement CWS) ou tout du moins « classique » afin de limiter l’entrée d’air au seul pansement à valve.
Ressources vidéo
Ci-dessous quelques vidéos en rapport avec le secourisme de tous les jours et en situation dégradée.
On attaque avec le plus simple et ce n'est pas à négliger :
La compression manuelle directe
Simple et déjà bien efficace.
Réaction face à une hémorragie
Un autre aperçu de compression directe niveau PSC1.
Pose d'un garrot de fortune par un expert
Un garrot de fortune, ce n'est pas l'idéal, c'est assez long et compliqué. Mais voici comment faire avec les moyens du bord.
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RETEX de la pose d'un garrot en situation réelle
Vidéo très instructive sur le pendant et l'après de la chaine YouTube Civis Protocol (ex Techsurv).
Démonstration de la pose d'un garrot SWAT-T
Courte vidéo de démonstration par un enfant de 8 ans.
Gestion d'une plaie soufflante
Et aussi la pose d'un pansement à valve (le principe est le même avec un pansement trois côtés). Une plaie soufflante est courante dans le cas d'affrontement armé ou attaque de coup de couteau.
Présentation vidéo du livre secourir en zone hostile
Un ouvrage de référence présentée dans une vidéo de deux minutes.
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Le guide super utile pour partir sur de bonnes bases et vous donner des idées..


J.Baroude
Je suis un simple civil passionné par tout ce qui est traumato de terrain et médecine d'urgence.
Si vous avez des questions ou remarques, la partie commentaire est à votre disposition.
Note de Mouton-Résilient : si vous avez envie de devenir rédacteur sur ce blog et que vous pensez être compatible avec "l'esprit" Mouton-Résilient, alors il suffit de nous contacter pour nous expliquer les grandes lignes de votre projet et connaître nos conditions.
Bon article, j’ai beaucoup appris, sur tout qu’avec le secourisme, je n’y connais pas grand-chose… c’est certain qu’un garrot de qualité et des pansements compressifs, ça peut aider et attendant les pompiers ou le SAMU.
Bonne journée
Je suis d’accord dans l’ensemble, mais le SWAT T n’est pas vraiment un garrot d’après ce que j’ai compris ?
C’est un truc complémentaire et polyvalent. C’est moins bien qu’un gros tourniquet, mais c’est 100x mieux que rien.
Bonjour. Je trouve ça utile dans la voiture ou chez soi. Par contre comme vous dites, il faut savoir les utiliser… Youtube c’est bien, mais ça ne vaut pa une manipulation… Avez vous une idée de formations qui montre comment utiliser svp?
Bonjour,
L’idéal est de vous renseigner chez les pompiers de votre ville 😉